Inaugurée en 2021, la centrale géothermique de Vélizy-Villacoublay exploite une énergie renouvelable issue d’une formation calcaire âgée de 150 à 175 millions d’années, une nappe fossile dont la température varie entre 60 et 80°C, le Dogger. Après avoir cédé ses calories dans un échangeur, l’eau est réinjectée dans le sous-sol où elle se réchauffe en circulant dans les couches géologiques. Si cette énergie est exploitée depuis des décennies dans l’Est de l’Ile de France, son usage dans l’Ouest de la région a longtemps été entravé par des obstacles que le forage multidrains est récemment venu lever. C’est à Vélizy-Villacoublay que cette révolution technique a pu faire ses preuves comme nous le relate Pascal Thévenot, maire de la commune !
“Dans les années 70, déjà, la ville avait adopté un système innovant de chauffage urbain par cogénération (procédé permettant la production simultanée d’énergie thermique et d’électricité), bénéficiant à nos équipements publics et à pas moins de douze mille logements. Notre volonté était donc de verdir ce système, tout en assurant un prix stable de l’énergie. Nous n’avions pas imaginé l’ampleur de la crise énergétique que nous allions devoir traverser dans le sillage du conflit en Ukraine. Fort heureusement pour nous, le 7 décembre 2021, soit moins de deux ans après le lancement du projet, nous avons pu officiellement inaugurer et mettre en service notre centrale géothermique. Comment expliquer la rapidité de la mise en œuvre de ce grand programme ? Cette efficacité est en grande partie dû à la création d’une SAS (Société par Actions Simplifiée), la loi le permettant pour les énergies renouvelables. En nous associant avec Engie, nous avons pu avancer beaucoup plus vite qu’avec une DSP. Par ailleurs, nous n’avons pas eu besoin de déterminer le chemin que devaient emprunter le réseau. Nous avons simplement dû remplacer les tuyaux haute pression du réseau de chauffage urbain par des tuyaux basse pression. Enfin, si nous sommes les premiers dans l’Ouest Parisien à avoir pu puiser dans le Dogger, c’est que nous avons saisi l’opportunité de profiter d’une nouvelle technologie arrivée récemment à maturité, le forage multidrains.
Le caractère pionnier de ce forage et la volonté de dupliquer l’expérience sur d’autres territoires ont conduit l’ADEME à financer, pour un million d’euros, des études poussées de caractérisation du sol. Ils ont également suscité de nombreuses visites à Vélizy-Villacoublay d’élus de collectivités intéressées par le procédé et même d’une délégation de la commission européenne. D’ailleurs, aux élus désireux de bénéficier d’une telle énergie je ne saurais trop conseiller de saisir rapidement de la question. En effet, les gélules exploitables sont en nombre limité et le nombre de permis accordés le sera également. Bien entendu, il convient également de s’assurer que la collectivité dispose d’un nombre suffisant de logements collectifs à raccorder au réseau. Il faut aussi prendre soin d’expliquer bien en amont aux riverains de la future centrale thermique que, en dépit du caractère impressionnant du chantier, le fonctionnement de la structure ne produira aucune nuisance olfactive ou sonore.
Les Véliziens, pour leur part, se sont montrés favorables au projet, ayant rapidement compris que non seulement nous étions en train d’adopter une énergie propre et verte mais encore que cette énergie nous mettait à l’abri des hausses excessives des prix du gaz et de l’électricité. A titre d’exemple, si nous n’avions pas mis en marche notre centrale en 2021, la facture de chauffage de notre piscine aurait été multipliée par sept ! Alors certes, l’augmentation du prix de l’électricité a fait monter celui du fonctionnement de nos pompes à chaleur, mais rien de comparable à ce que nous aurions subi avant l’usage de la géothermie profonde, si nous étions restés tributaires des prix du gaz. Indépendants à 70 % pour notre réseau de chaleur nous visons 100 % d’autonomie et, à cette fin, avons lancé des études pour le forage d’un deuxième puit. »
Véligéo est la 1ère Société par Actions Simplifiée d’Energies Renouvelables d’Ile-de-France. Elle est contrôlée à 80% par ENGIE Solutions et 20% par la ville de Vélizy-Villacoublay.
Chiffres clés
1 600 m : profondeur des puits
2 400 m : longueur du forage
16 MW : puissance de la géothermie
64 degrés : température de l’eau puisée
22801 tonnes de CO2 évitées par an, soit 15 000 véhicules en circulation
100% d’énergie renouvelable soit 70% de la production du réseau de chaleur Vélidis
25 millions d’euros : montant total des investissements ( dont 9M€ subventionnés par la région IDF et l’ADEME IDF)
Dates majeures
Septembre 2019 : création de Véligéo
Le maire Pascal Thévenot et les dirigeants de Engie Réseau signent la création d’une société anonyme simplifiée d’énergie renouvelable, la première en Ile-de-France. Baptisée Véligéo, elle est détenue à 20% par la Ville et à 80% par Engie Réseaux. Pendant 28 ans, la société Véligéo, fournira de la chaleur au réseau de chaleur de Vélizy-Villacoublay, et aux industriels locaux grâce à une géothermie.
27 août 2020 : début des travaux de forage géothermique
Une technique innovante est utilisée : celle du multidrains. Le forage est réalisé au moyen d’un appareil de 40 m de haut. Cette opération d’une grande qualité a bénéficié d’une technique d’exploration innovante perfectionnée. Le forage multi-drains, associé à la géothermie basse énergie, a ainsi été utilisé pour la première fois en Europe.
Mars 2021 : construction de la centrale et adaptation du réseau
7 décembre 2021 : mise en service de la centrale
Moins de deux ans après le lancement du projet, la centrale thermique Véliogéo est officiellement mise en service et inaugurée.
LE DOGGER, de quoi parlons-nous ?
Le Dogger, également connu sous le nom de Jurassique moyen, est une formation géologique divisée en quatre étages : la Callonien, le Bathonien, le Bajocien et l’Aalénien. Il correspond à des dépôts anciens (-175 à -154 millions d’année) à dominante calcaire.
Le Dogger constitue le principal aquifère géothermique exploité en région parisienne. Impropre à la consommation, situé entre 1 500 et 2 000 mètres de profondeur, cet aquifère contient une eau d’une température variant de 57 à 85 °C : la nappe du Dogger.
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